Bonjour @toustes,
Je ne suis pas un CHATONS, mais un sympathisant tout de même
et je suis régulièrement les échanges sans intervenir, mais je me permets une réponse sur le sujet pour élargir la discussion.
tldr: rester ou quitter facebook sont toutes deux des « bonnes » réponses à la « mauvaise » question. Alors quelle est la bonne question ?
Selon moi facebook a tellement montré à de multiples reprises sa toxicité qu'il faudrait le quitter dans tous les cas, mais ça ne fait pas avancer la réflexion :P
Alors faut il quitter facebook par éthique ou rester pour (tenter) de toucher des public non initiés ? déja si ça n’a pas marché jusqu’à présent, pourquoi cela marcherait il maintenant ? En fait même avec des gros moyens, je pense qu’il y a peu de chances que ça marche un jour, je m’explique : il semble qu’a cause du processus de merdification du web, de plus en plus ces réseaux dit sociaux sont en train de devenir de « l’Internet Zombie », un réseau où une part croissante de la création des contenus et des interactions avec ces contenus ne sont plus le fait d’humains, mais de machines :
Comme l’explique Hubert Guillaud : « On parle d’Internet Zombie pour qualifier autant la génération de contenu automatisée que les engagements tout aussi automatisés qu’elle génère. (…) A terme, s’inquiète Koebler, les médias sociaux pourraient ne plus rien avoir de sociaux et devenir des espaces « où le contenu généré par l’IA éclipse celui des humains », d’autant que la visibilité de ces comptes se fait au détriment de ceux pilotés par des humains. Des sortes de régies publicitaires sous stéroïdes. Comme l’explique une créatrice de contenus adultes dont l’audience a chuté depuis l’explosion des mannequins artificiels : « je suis en concurrence avec quelque chose qui n’est pas naturel ». Ces contenus qui sont en train de coloniser les réseaux sociaux n’ont pas l’air d’inquiéter les barons de la tech, pointait très récemment Koebler en rapportant les propose de Mark Zuckerberg. D’autant que ces contenus génératifs semblent produire ce qu’on attend d’eux. Meta a annoncé une augmentation de 8 % du temps passé sur Facebook et de 6 % du temps passé sur Instagram grâce aux contenus génératifs. 15 millions de publicités par mois sur les plateformes Meta utilisent déjà l’IA générative. Et Meta prévoit des outils pour démultiplier les utilisateurs synthétiques. »
Extrait de l’excellent article d’Hubert Guillaud : Vers un internet plein de vide ?
Il y a de fortes chances que cette tendance à la création de contenus pour générer du clic va s’intensifier et s’accélérer…
du coup je crois qu’il pourrait être intéressant de reformuler la question de « quitter facebook ou pas? » en « comment se relier à d’autres humains dans le contexte actuel ? »
je conçois que ce n’est pas un sujet facile, et je propose quelques pistes qui me semblent intéressantes à explorer :
recréer des réseaux thématiques de confiance : A l’heure de la post vérité et de la création automatisé de tonnes de contenus par IA, on ne peut pas tous devenir experts de tout et de revérifier la moindre information qui sort. Je crois donc que l’enjeu maintenant c’est de recréer des réseaux de confiance et des lieux où on peut avoir accès à des contenus de qualité que l’on peut croire sans besoin de tout vérifier quand on n’est pas expert d’un sujet. Ceci me semble essentiel que pour les personnes désorientées par l’évolution du numérique puissent trouver des réponses et des repères fiables. Un peu comme le fait déja Framasoft à son échelle en choisissant de mettre en valeur certains articles ou initiatives externes. Un peu comme le fait Basta en créant un portail de médias alternatifs pour favoriser l’accès à des informations de qualité issues d’autres petits médias indépendants.
Pourrait on imaginer un portail du numérique libre, éthique et décentralisé ? un lieu de visibilité pour que les non-initiés au numérique puissent trouver de l’information fiable ? ou mieux pourrait on imaginer, non pas un portail centralisé, mais un réseau décentralisé de sites reliés qui joue le même rôle ? (pas besoin de tout réinventer, dans le web du début les webrings avaient déja cette fonction d’aiguillage par les pairs de confiance)
créer des liens avec des réseaux non-numériques aux valeurs proches :
Se relier à des personnes non sensibilisées au libre et au numérique éthique, c’est important, mais se relier à des réseaux de pairs déja existants pourrait être plus stratégique. Il serait selon moi plus intéressant d’essayer de renforcer les liens avec des réseaux qui partagent des valeurs proches, mais dans d’autres contextes par ex ESS, educ pop, agriculture paysanne (puisqu’on parle parfois des chatons comme des AMAP du numérique. Sortir de nos silos et nous relier à d’autres pour casser la tragédie du LSD me semble essentiel.
Voir à ce sujet la conférence de Laurent Marseault « Comment penser nos organisations pour éteindre les incendies (sociaux, economiques, environnementaux) qui nous menacent » qui donne des pistes opérationnelles pour « s’archipéliser » (= créer un « fediverse » où les instances ne sont pas des logiciels, mais des collectifs) Conférence au LOCI : conférence gesticulée et basculante de Laurent Marseault la aussi le modèle expérimenté par Framasoft constitue selon moi un bon exemple dont on (les chatons et autres acteurices du numérique éthique) pourrait s’inspirer.
bon ce ne sera pas décidé en un vote, mais au plaisir d’avoir vos retours 