Quelle éthique imposez vous aux usagers de vos CHATONS?

Bonjour à toutes et à tous,

Jusqu’à présent, nous n’étions pas trop confronté à la question, mais comment envisagez vous des limites éthiques à ce qu’un utilisateur de vos CHATONS fait du service mis à disposition ?

Je me pose la question par exemple pour un événement en ligne sur lequel Aux Portes de l’Imaginaire intervient en support techniques qui risque, pour une grosse partie de l’événement, de se dérouler essentiellement sur Discord (beurk)…

C’est l’utilisateur (la FFJDR) qui organise l’événement, nous (aux Portes de l’Imaginaire) apportons l’hébergement, l’administration et la maintenance du site principal et différents moyens techniques (réservation et planning des animations, un BBB pour les conférences qui sont diffusées à l’occasion, notre instance Peertube pour le streaming sur les pages du site pour éviter Youtube…).

Comment envisageriez vous la chose ? Profiteriez vous de l’occasion pour proposer aussi un espace alternatif éthique (par exemple, des canaux sur un Matrix) en parallèle et faire parler de ces alternatives ou refuseriez vous que le nom du CHATONS soit associé à un tel événement ? Considérez vous que tout est de la responsabilité et du choix de l’utilisateur, et que, ainsi, nous n’apportons que le service demandé ?

La question se pose surtout sur l’hébergement de sites pour nos utilisateurs. Dans nos conditions d’utilisations, nous demandons à ce que nos « hébergés » n’utilisent pas de publicités ciblées et qu’ils se conforment entièrement à la loi en vigueur (donc, pas de cookie sans consentements, pas de transfert hors UE sans consentement, ce qui exclu pas mal de services tiers US).

Je ne vois pas trop comment tu peux leur interdire de faire ce que bon leur semble. Clairement je profiterais de l’occasion pour les sensibiliser et en effet leur apporter des alternatives avec des solutions éthiques. Ils n’y ont tout simplement pas penser peut être, ne connaissent pas ces alternatives, ont peur que ça ne marche pas bien, on peur du changement… C’est du déjà vu chez nous en tout cas et c’est important de les accompagner dans leur démarche globale SI (sans jugement).

Je ne maîtrise pas le sujet mais je ne vois pas quel contrat tiendrait légalement pour interdire un collectif/orga/personne d’utiliser tel ou tel services ou prestataires. Ca me parait un peu trop radical pour que ça tienne face à la libre concurrence et la liberté tout court j’ai envie de dire :upside_down_face:

En tant que CHATONS notre périmètre se limite au service que l’on propose. Après rien ne te force de renouveler avec eux ni d’être associé à l’événement.

En tout cas oui tu as clairement une belle occasion pour les sensibiliser sur ces enjeux et les faire basculer (progressivement) vers du 100% solutions éthiques (dans la mesure du possible).

Bonjour,

Nous nous sommes posé·es une question similaire dans notre asso lorsque nous avons souhaité étendre l’adhésion aux personnes morales.

Nous n’avons absolument rien à redire sur l’usage de Discord ou d’autres outils GAFAM par nos usager·ère·s (on ne va pas les fliquer pour voir s’iels utilisent bien nos outils libres, quand même ?), et ce même s’il est fait un usage largement plus important de ces outils par rapport aux nôtres.

Toutefois, nous nous sommes demandé·es : et si un jour, une entreprise qui va frontalement à l’encontre de nos idées adhère à l’association afin de bénéficier de nos services ? Par exemple, une entreprise dont le modèle économique se fonde sur la spéculation, la participation active à des activités polluantes ou qui renforcent les inégalités sociales (ou les trois à la fois, à tout hasard : une entreprise de cryptomonnaies/NFT)… ou bien une organisation politique homophobe (au pif). Quel comportement doit-on adopter ?

Il n’y a pas eu consensus chez nous, mais la question vaut la peine d’être posée.

D’une part, l’idée de développer des outils et modèles alternatifs qui servent finalement les intérêts d’entreprises mortifères me semble largement contre-productive, d’autant plus que cela peut entrer en contradiction avec la philosophie globale de l’association pour laquelle les considérations en terme d’éthique et de liberté ne sauraient s’arrêter seulement au logiciel.

D’autre part, l’initiative de s’adresser à un CHATONS pour leur infrastructure technique peut venir de personnes à l’intérieur de l’organisation qui essayent de changer les choses, d’influencer la politique interne de leur structure à leur petite échelle. Priver ces personnes de ces alternatives n’aurait pas de sens.

Qui plus est, bloquer arbitrairement l’adhésion d’une structure pour ces motifs pourrait être difficilement justifiable et nécessiterait un certain travail de recherche de notre côté au cas par cas (l’organisation contribue-t-elle directement à des projets polluants ? Existe-t-il des cas avérés de discrimination dans la structure ? Apporte-t-elle son soutien à des mouvements politiques et si oui, lesquels ?).

Il existe un compromis intéressant, c’est celui de restreindre l’adhésion aux organisations de l’ESS (économie sociale et solidaire). Donc aux associations, coopératives, fondations et entreprises se définissant comme telles, peut-être en fonction également des agréments (ESUS − entreprise solidaire d’utilité sociale ?), et peut-être aussi de l’appréciation que les membres de l’asso peuvent avoir de cette structure. Il semble assez compliqué d’apprécier ce genre de demande de manière objective.

Bonjour,
Au Retzien Libre, nous nous somme aussi posé la question. Et la réponse n’est pas simple !
Nous avons opté pour un compromis :

  1. Les adhérents en nom propre font ce qu’ils veulent (dans la limite des lois en vigueur).
  2. les asso et micro-entreprises peuvent faire l’objet d’une restriction des services (hébergement de site Internet, mailing-listes), sur la simple décision du bureau et sans motivation de notre part.

Ces règles sont clairement exposées dans nos CGU.
L’idée sous-jacente, c’est d’éviter d’avoir à héberger des structures qui ne respecteraient pas nos valeurs (partage, solidarité, ouverture d’esprit) et qui feraient « tache » à côté des autres structures éthiques.
Nous refusons d’emblée les entreprises commerciales (sauf les toutes petites structures du genre AMAP).
Quant à l’usage d’autres outils (Facebook, Google, Instagram, …, et autres cochonneries (comme les « like »)… et j’en passe…), je ne crois pas que l’on puisse les interdire, juste conseiller de les substituer quand c’est possible. C’est notre rôle d’éducation à « l’Internet / numérique éthique », mais pas +.
Serge

Ce n’est effectivement pas simple.
Avec les structures qui demandent un hébergement, nous (« je »… souvent) leur demandons clairement de définir l’objet et l’activité de celles-ci.
Je les renvois à nos CGU, je leur explique nos valeurs, et je leur signale que nous allons discuter en « conseille de bureau » de leur candidature … Pratiquement, ils décident d’eux mêmes, s’ils rentrent dans le cadre, ou non !
Du coup, je n’ai pas eut pour l’heure à exprimer de refus.
Maintenant, des structures qui seraient très éloignées de nos valeurs, ne sont bizarrement jamais venues toquer à notre porte… Et c’est tant mieux !
Serge

Merci pour vos réponses qui me confortent dans l’orientation que nous avons pris.

@retzien , je vais aller éplucher un peu tes CGU pour voir comment améliorer les nôtres sur le sujet, ton point de vue me plait beaucoup.

Nous sommes les premiers utilisateurs de notre activité de CHATONS, pour nos activités principales (notre site internet, nos contenus en ligne…) et nos adhérents de la première heure qui publient « pour eux », leurs blogs d’auteurs… Ce n’est que très récemment que la question s’est posée.

Nous proposons des services en lignes « sur l’étagère » et peu de services « fait main ».

« Sur l’étagère », clairement, nous ne laissons pas le choix aux hébergés, ils reposent sur des infrastructures mutualisées. Nous ne faisons évoluer le service qu’avec des outils libres et qui ne dépendent pas de services tiers problématiques.

Sur le « fait main », par exemple, nous hébergeons le forum Discourse de la FFJDR qui, pour des raisons d’accessibilité à leurs membres et aux visiteurs, a ouvert les accès SSO par Facebook, Google et Discord. Tant qu’un accès sans service tiers est possible et que cet accès n’est qu’une option supplémentaire proposée aux usagers de ces réseaux, ça ne pose pas de problème. Par contre, j’ai refusé par contre de déployer Google Analytics sur leur Wordpress que nous hébergeons (parce que c’était à nous de gérer/administrer… donc, niet).