Sources de bilans environnementaux sur la téléconférence

Ce sujet est dédié à collecter des sources sur les bilans environnementaux sur la téléconférence, une discussion sur le sujet du bilan environnemental des téléconf peut être créée ailleurs si certain·es en ressentent l’envie.

Bonjour,
les logiciels de téléconférence engendrent des consommations électriques, et plus largement des bilans environnementaux différents.
Dans ces bilans environnementaux, on compte l’impact des matériels (extraction de terres rares, recyclage et retraitement, etc.), l’impact de la consommation côté client et l’impact de la consommation côté structure fournisseuse de service.

  1. l’impact du matériel client est sans doute comparable pour un même usage
  2. la consommation des clients est calculable par les utilisateur·ices.
  3. la consommation côté fournisseuse ne peut être calculée, et on dépend là de la transparence de ceux-ci.

C’est ce dernier point qui m’intéresse.
Des fournisseuses telles que zoom peuvent par exemple collecter des données qui vont être réutilisées dans des calculs ultérieurs, et alourdissent donc la conso électrique engendrée.
Par ailleurs, le bilan carbone d’un usage d’une infra entièrement en France n’est a priori pas le même que celui d’une infra mondiale (exemple : un big blue button aura sans doute un impact plus léger qu’un zoom).

Connaissez-vous des publis sérieuses et vérifiables (scientifiques idéalement) qui s’intéressent à ce sujet ?

Merci bien.

L’essentiel de l’impact se situe à la fabrication de matériel, puis au fonctionnement « à vide » de ceux-ci, la partie réseau est assez marginale d’après pas mal de lectures qui s’intéressent à la globalité du sujet et pas spécifiquement à la partie télécom.

Nos appareils terminaux servant à de multiples usages, il ne faudrait prendre en compte qu’une part de leur fabrication…

Pour les serveurs, il y a de très grandes chances que des plateformes optimisent bien plus leur infra, et soient en mesure de le faire. Ils sont dans une logique industrielle, où tout est optimisé pour réduire les coûts et par ricochet les impacts.

Avoir son propre serveur dédié pour une instance BigBlueButton difficile à faire tourner en virtualisation est je pense bien moins performant sur le plan environnemental. Elle tournera à vide bien souvent… sauf si on allume le serveur uniquement pendant les heures où il y a des conf prévus.

Dans tous les cas, une téléconf a un impact moindre qu’un déplacement physique.

Merci pour ta réponse.

C’est vrai que l’impact est plutôt sur le matériel… pour UN serveur.
J’essaie de donner quelques exemples :

  • si BBB demande 1 serveur et que zoom en demande 5, l’impact n’est pas le même ;
  • si BBB génère un trafic local alors que zoom en génère un international, l’impact est plus important aussi pour zoom du fait du nombre d’équipements réseaux bien plus importants sur le trajet.

Pour l’usage des appli clientes, le calcul est faisable dès lors qu’on a accès au client,

Enfin, le remplacement systématique d’une réunion physique par une téléconf n’est là aussi pas évident : dans le cas où les personnes sont proches (même campus, déplacement de 10 min à pied par exemple), la réunion physique reste plus intéressante. Mais je suis surtout intéressé pour tout cela par des publications et des sources.

Voici quelques références que j’ai trouvé jusque là :

De mon côté j’ai lu l’inverse, que le trafic était responsable de 55% de la consommation énergétique imputable au numérique (ce qui ne veut pas dire du « coût environnemental global » bien sûr… mais qui donne une piste)

L’Ademe note, par exemple, que le trafic de données est responsable de 55% de la consommation annuelle d’énergie du numérique
https://www.usine-digitale.fr/editorial/quelle-methodologie-pour-calculer-l-impact-carbone-des-operateurs-telecoms.N932719

A la louche américaine la téléconférence c’est une cata environnementale : beaucoup de trafic, beaucoup de puissance de calcul… Des serveurs qui « attendent » les heures de pointes (qui sont donc sur-dimensionné - hors cas de structure global/mondial qui peuvent effectivement être optimisé sur ce point) bref d’un point de vu environnemental, privilégier l’audio tant que faire ce peu pour les réunion distancielle c’est quand même mieux (surtout si c’est pour voir la tête de Michel en plan fixe ou en saccadé avec une mauvaise lumière, angle dégueu…)

Oui, mais ces études sont souvent partielles et partiales… quand on parle de bilan environnemental il faut suivre le cycle de vie complet des objets, fabrication, usage et déchets.

C’est comme ne considérer une voiture que par sa consommation, en oubliant toute l’énergie grise qu’elle représente pour sa fabrication.

L’article que tu indiques cite une étude de l’Ademe sans fournir de lien… donc impossible de vérifier à quoi correspond exactement ce chiffre repris par un pseudo-journaliste.
Pour un opérateur télécom, il me semble normal que le trafic de données représente une part importante de leur consommation d’énergie, elle devrait même être la plus haute possible, car toute énergie ne servant pas à transmettre des données pour un opérateur est quelque part gaspillée.

Sur l’intérêt même de la visio, je partage tout à fait ton avis. Je ne suis juste pas convaincu que l’auto-hébergement de son BBB soit plus efficace sur le plan environnemental que par une plateforme au fonctionnement industriel.

C’est comme faire son pain… c’est environnementalement très peu efficace, l’intérêt est ailleurs.

Cet échange montre l’intérêt d’avoir de trouver des sources scientifiques et des données vérifiables qui puissent être critiqués (au sens propre, donc de manière positive et négative) et reprises en connaissant leurs forces et leurs faiblesses.
On peut avoir des avis divergents de manière tout à fait légitime, pour la simple raison qu’on n’a pas les mêmes informations.

C’est pourquoi en vue d’avoir une discussion ultérieure, j’ai créé ce sujet pour recenser les sources existantes, même si on n’est pas d’accord avec. :slight_smile:
La discussion peut être lancée sur un autre sujet en parallèle et pourra se nourrir des sources recensées. Cela me semble essentiel si on veut pouvoir s’entendre, c’est bien tout l’intérêt de la discussion.

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Un article tout récent sur le streaming…

https://www.wired.co.uk/article/netflix-carbon-footprint

qui fait référence à 4 études sur l’impact du streaming (sujet proche de la visio):

Coucou,

Ce que les études tendent à montrer est qu’en général la hiérarchie des impacts se décompose ainsi :

  1. fabrication des équipements des utilisateurs
  2. consommation électrique des équipements des utilisateurs
  3. consommation électrique du réseau
  4. consommation électrique des centres informatiques
  5. fabrication des équipements réseau
  6. fabrication des équipements hébergés par les centres informatiques (serveurs)

Source chez Green It

Même si la visio peut avoir ses spécificités (car elle exige beaucoup plus de calcul et de transferts que nntp), je suis sceptique sur le fait qu’elle échappe à cette hiérarchie des impacts. Dit autrement, je suis sceptique sur le fait que l’impact de la visio soit à aller chercher ailleurs que dans la fabrication des 1.5 milliards d’ordiphones et centaines de millions d’ordinateurs personnels produits par an.

Cet article est très intéressant. L’auteur montre combien l’étude du shift project ( green it ) était biaisée et basée sur des concepts et des données obsolètes.
Cependant, le shift project en a convenu il me semble. Et a réalisé une revue d’analyse critique de sa propre étude qui évidemment n’est pas cité dans cet article. En fait, le mal est fait.

On pourra trouver toute une littératie pseudo scientifique démontant avec force argumentaire et lien vers d’autres articles tout aussi éclairé mais tout aussi peu fiable. Comme cet article. Ça pose la question de «qu’est-ce que une source fiable.»

Je n’ai pas lu les trois autres. Mes excuses @cquest :smiley:

Mais je ne suis pas le seul.

Il me semble que cette hiérarchie des impacts est à l’origine du biais de la première étude du shift project justement. Quantifier des effets rebonds en Teq CO2 était courageux mais immanquablement voué à l’échec et à la prise de baffe.
Sans vouloir taquiner @PoluX :smiley_cat: cela semble dire qu’il n’a pas lu l’article cité par @cquest. Du coup je me demande si c’est utile de partager des ressources «fiable». Que, par défaut, personne ne lira. Ce forum est-il le bon endroit pour aborder avec méthode et rigueur «scientifique» ce sujet plus global de la «sustainability of the digital industry»?
J’en doute très fortement. Mais je serais ravi qu’on me démontre le contraire. :grinning_face_with_smiling_eyes:

Comme ce sujet est consacré à l’identification de sources fiables, ce serait bien de ne pas inciter à détourner le sujet, merci de votre compréhension.

Encore une fois, je n’ai rien contre une discussion sur un sujet dédié, et dans ce cas, je pourrais même ajouter un lien dans le premier message pour assurer que chaque personne puisse choisir le sujet approprié. :slight_smile:

Non je ne l’ai pas lu. Mais tu parles de l’article de l’AIE qui dit «

the production phase accounts for around 80% of the lifecycle carbon emissions of mobile devices (and about a third for televisions)

» ? :smiley:

Parce que dans ce cas, je ne vois pas en quoi cet article remet en cause la hiérarchie des impacts que j’ai cité.

Le biais principal de toutes ces études et surtout de ce qu’on en ressort, c’est la vue souvent partielle qu’elles ont.

La fabrication des terminaux a le plus d’impact environnemental, ça tout le monde s’accorde à peu près sur ce point entre les terres rares, l’énergie utilisée, les matériaux.

Mais il faut voir que ces terminaux ont des usages multiples, quasi universels. Le smartphone a remplacé pas mal d’autres objets, comme l’appareil photo, le GPS, le walkman (ou l’iPod/MP3).

Quand un seul objet en remplace plusieurs, l’impact global diminue parce qu’on ne fabrique plus les autres. Est-ce bien pris en compte ? J’ai pas trop l’impression.

L’important, c’est qu’ils aient une durée d’usage la plus longue possible… donc un support avec des mises à jour logicielles qui tiennent la route dans le temps.

Après, si on peut grappiller quelques % sur les 20% restants, c’est toujours bon à prendre, mais finalement assez relatif.

L’autre truc qui consomme beaucoup, ce sont les box, assez peu économes et allumées le plus souvent 24h/24, le trafic ne jouant quasiment pas sur leur conso. Les opérateurs ne communiquent quasiment pas là-dessus, du coup l’absence de concurrence ne les pousse pas à s’améliorer.

Bonjour
pouvez-vous créer un sujet dédié pour votre discussion sur le calcul de bilans, afin que ce sujet puisse servir à recenser la biblio existante ? Les derniers messages sont intéressant mais sortent du sujet. :slight_smile:
Merci bien,

Coté chaton, voilà ce qui peut être dit en toute transparence. :smiley:

Mettons de coté pour l’instant l’impact environnemental du réseau. Et comparons ce qui peut l’être.

Un chaton possède ses propres machines installées dans deux DC. Il y administre deux instances bigbluebutton. Tout est identique sauf l’implantation géographique des DC. Deux meetings sont hébergés par le chaton. L’un dans le DC situé en Allemagne. L’autre dans le DC situé en France. Chaque meeting a nécessité la même consommation électrique cotée serveurs. Coté client, l’expérience utilisateur est identique au cours des deux meetings.

Quel est le bilan carbone de ces deux meetings pour le chaton ?

  • meeting hébergé en Allemagne avec mix énergétique à 400g de CO2 par kwh
  • meeting hébergé en France avec mix énergétique à 80g de CO2 par kwh

Réponse : le meeting «allemand» aurait produit 5 fois plus de CO2 que le meeting «français.» Zut.

Bien sur, le chaton peut expliquer le choix du DC Allemand parce que ce DC annonce utiliser 100% d’électricité «renouvelable». Sauf que ce DC est bien relié au même réseau électrique. Donc au même mix. Et accessoirement, tous nos réseaux électriques européens sont interconnectés. Même si l’électricité voyage moins bien que l’information, elle voyage quand même.

Bien sur, la première objection est «le nucléaire, c’est pas bien». Le choix de l’Allemagne de sortir du nucléaire a été consécutif à Fukushima, il y a10 ans déjà. C’est donc un choix éthique qui n’a rien à voir avec un bilan carbone.
Quand au choix Français, idem, c’est un choix éthique qui n’a rien à voir avec un bilan carbone. Mais qui est le choix d’une industrie nucléaire d’abord militaire avant d’être civile. Le parcours de Mme Vidal, actuelle ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, est une bonne illustration de cette éthique.

Supposons maintenant que le chaton se dise : mes deux DC annonce un PUE de 1,4. Comment améliorer cela pour réduire mon impact environnemental? (D’après le dcd, la moyenne européenne se situe à 1,67.)

Disons les choses. Chercher un DC avec un PUE ≤ 1,4 dans lequel il est possible de louer une baie pour poser son propre matériel est mission impossible. Franchir ce seuil nécessite une tout autre approche technologique. C’est ce qui s’appelle du DC hyperscale. En d’autre terme du cloud computing mais optimisé. Dans ce cas, il est possible d’arriver à un PUE autour de 1,1.

Si le chaton fait ce choix technologique pour le DC situé en France, quel serait le bilan carbone de l’expérience précédente?

Réponse : le meeting «allemand» aurait produit 20 fois plus de CO2 que le meeting «français.» Rezut.

Cela montre combien il est difficile d’essayer d’exprimer une rationalité en tonne équivalent CO2. Cela conduit nécessairement à des conclusions erronées qui sont dûes à des biais de représentation.

Et si on prend en compte que le DC « français » brule, ça compte dans le calcule :rofl:

En dehors de la plaisantrie, la reflexion environnementale de nos activités du numérique (que ce soit sur la téléconférence ou plus généralement) sont très difficile à analyser.

Déjà, parce qu’il faut réfléchir à quels bilans environnementaux on fait:

  • Impact carbone et GES
  • Impact à la polution des sols
  • Impact à la polution de l’eau
  • Impact à la polution de l’air
  • Impact sur la biodiversité (réduction de l’habitat naturel / artificialisation des sols)

Et là, nos choix peuvent être contradictoire.
Si je reprend l’exemple de Stephane:

  • D’un point de vu carbone/GES vaux mieux un DC en France qu’en allemagne
  • D’un point de vu polution sols/air (radioactivité), il vaux mieux l’inverse.

Donc, cela va être beaucoup d’arbitrage, de choix.
Globalement, il faut juste se dire que le numérique a un impact environnemental, quoi que l’on choisisse.
A chacun de faire donc choisir le moins pire du point de vu de son contexte.