Bonjour Quentin
Voilà ce que nous pouvons apporter de notre côté.
J’ai (neil) encadré l’atelier « Traversée de la rivière du doute » le samedi, il y a eu beaucoup de débats qui se sont déroulés dans le calme et le respect des avis des un·es et des autres (chose plutôt appréciable compte tenu des clivages forts sur les sujets abordés).
Pour rappel, le principe de l’atelier était d’inviter chaque personne à se positionner dans l’espace selon leur opinion sur une affirmation donnée, volontairement clivante : à droite pour « d’accord » et à gauche pour « pas d’accord ». Un débat d’environ 5 minutes a suivi chaque affirmation, permettant à chacun·e souhaitant s’exprimer d’exposer leur opinion.
Les opinions étaient très diverses et riches, parfois radicalement opposées, c’était aussi intéressant de remarquer les repositionnements de certaines personnes au cours des débats, qui montraient qu’une personne était convaincue par un argument.
Le compte-rendu est ici (avec les règles du jeu) : camp-chatons-2022 - Libreto
Voilà les affirmations clivantes qui ont été posées durant l’atelier. Notez toutefois que les positions exprimées dans le compte-rendu ne peuvent pas être représentatives de l’entièreté du collectif.
(Cliquez pour voir un bref résumé des échanges)
« Dans certaines circonstances, CHATONS doit pouvoir accueillir des structures candidates au collectif qui proposent des services propriétaires »
Le débat a dérivé autour des difficultés pour une structure CHATONS de disposer de son propre matériel libre (jusqu’au BIOS/CPU).
Sur le fait de proposer des services propriétaires, il a été avancé que le public extérieur pouvait considérer le collectif CHATONS comme un « safe space » auprès duquel il est possible de s’adresser pour utiliser des services libres, et qu’autoriser l’hébergement de services propriétaires pourrait légitimer voire populariser leur usage.
« Les CHATONS devraient communiquer sur des plateformes privatives pour sortir les utilisatrices de leurs griffes et ne pas que prêcher des gens convaincus »
L’argument de la légitimisation des plateformes propriétaires par leur utilisation est revenu, auquel il a été invoqué l’enjeu de sortir de l’entre-soi et de cibler de nouveaux publics.
« Il y a trop de laxisme dans l'examination des candidatures du collectif »
Malgré le travail d’analyse des candidatures bien réalisé et consciencieux (chose sur laquelle il semble y avoir consensus), certaines personnes avancent que les structures qui votent auraient tendance à être trop complaisantes.
« Les membres CHATONS devraient faire l'usage de l'écriture inclusive »
Les positions s’orientent en faveur de l’usage de l’écriture inclusive, avec toutefois des débats de fond sur son utilité. Certaines personnes ont suggéré de suivre le style d’écriture recommandé/utilisé par des instances du gouvernement.
« Les chatons devraient s'opposer publiquement a la surveillance étatique »
Position majoritaire sur l’opposition à la surveillance étatique, « pour faire avancer le débat » sur ce sujet. D’autres avancent le manque d’intérêt pour une opposition publique si cette position ne suit pas la logique / la position éditoriale de la structure, et le fait que cette prise de position n’est pas forcément payante / efficace.
« Une structure CHATONS qui utilise GitHub devrait être exclue du collectif »
Quelques arguments contre cette affirmation : les CHATONS s’engagent à contribuer aux logiciels libres, notamment à travers des merge requests − or, la plupart des projets libres sont sur GitHub.
Un contre argument plutôt en faveur de l’affirmation : « les merge requests par mail, ça existe ».
« Les chatons devraient soutenir individuellement ou collectivement Richard Stallman »
La question est très clivante (et n’a pas été bien posée, mea culpa). Les débats n’étaient pas très concluants. Il a été suggéré de ne pas « idolâtrer » la personne quoi qu’il arrive.
« Les structures non francophones devraient pouvoir être intégrées au sein des CHATONS »
Il y a eu un important flux de personnes initialement « d’accord » qui ont changé leur avis en « pas d’accord » lorsque quelqu’un a posé la question « est-ce que ça implique qu’il faudra tenir nos réunions mensuelles en anglais ? ». Il est toutefois évoqué la problématique que le collectif pourrait être excluant envers les personnes qui ne parlent pas anglais.
« Les chatons devraient être garants d’une liberté d’expression absolue sur leurs services »
La question de la neutralité de la modération est abordée, et la définition de « l’absolu » dans « liberté d’expression absolue » est mise en question :
- Certaines personnes s’expriment pour une liberté d’expression absolue mais considèrent que « l’absolu » s’arrête au cadre délimité par la loi.
- D’autres considèrent que « l’absolu » s’arrête au cadre défini par leurs propres règles.
« Dans le logiciel libre, ce n’est pas “logiciel” qui est important mais “libre” »
Cette citation et ses nombreuses interprétations ont conduit le débat vers la liberté d’usage des logiciels (au sens des quatre libertés de Stallman). L’enjeu de la philosophie du libre dans le logiciel a également été évoqué.
« Un logiciel libre est prioritaire par rapport a un logiciel accessible »
La question semble partager équitablement deux camps :
- une moitié qui considère que les outils d’accessibilité ne sont pas tous libres et qu’il n’y a souvent pas d’alternative notamment pour les personnes handicapées, auquel cas il conviendrait d’utiliser des logiciels propriétaires pour cet usage ;
- l’autre moitié qui considère que les personnes concernées peuvent faire des pull requests pour améliorer l’accessibilité des logiciels libres, ce qui n’est pas le cas dans les logiciels propriétaires, ce pourquoi il ne serait pas acceptable de les prioriser.
Voilà, il s’agit d’une reprise du compte-rendu à ma sauce (avec quelques ajouts anecdotiques tant que c’est encore frais dans ma tête), je me suis permis de vous en faire une exposition puisqu’il peut s’agir de points à approfondir pour trouver des terrains d’entente entre les membres du collectif et potentiellement, des idées pour enrichir la charte ou le manifeste.
~ neil