Bonjour à tous,
Je n’ai pas trouvé de trace dans le forum de mentions où plusieurs CHATONS organiseraient ou financeraient ensemble le développement de fonctionnalités pour des services libres qu’ils utiliseraient. Je trouve l’idée séduisante, bien que présentant des difficultés de plusieurs niveaux, et je voulais échanger avec vous à ce sujet.
edit: ah bah si il existait un autre sujet, mais c’est peut-être l’occasion pour reprendre la discussion ?
@Martin @Maxime @unteem @pierre est-il ressorti des choses intéressantes de votre discussion ?
Financer collectivement des fonctionnalités de logiciels libres ?
L’avantage principal est double : soutenir des projets libres, financièrement ou directement en développement, et améliorer la qualité de services des CHATONS. Mais les difficultés sont nombreuses :
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Première difficulté : il faudrait que suffisamment de CHATONS aient de l’argent à dépenser. J’imagine que ça n’est pas toujours le cas pour des petites structures. Aurait-on ensemble un budget suffisamment conséquent pour arriver à financer quelque chose d’utile ?
J’imagine qu’une solution à cela pourrait être un système de « cotisation » : on met régulièrement de l’argent dans un pot, et lorsque le pot est suffisamment gros on choisit une fonctionnalité à soutenir. -
Seconde difficulté : il faudrait que suffisamment de CHATONS aient des besoins suffisamment alignés. J’imagine qu’on a tous notre liste au père Noël, mais souhaite-t-on des choses communes ? Quelques outils semblent populaires parmi les CHATONS, j’imagine que Nextcloud pourrait être un candidat par exemple.
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Troisième difficulté, il faut un processus pour décider collectivement quelle fonctionnalité soutenir. Ça peut aller de la discussion informelle à un processus de décision plus cadré s’il y a plus de monde.
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Quatrième difficulté : il faut probablement un processus pour évaluer un prix plancher pour que le financement ait des chances de réussir. Comme pour un crowdfunding classique, atteindre une somme trop faible compromet la réussite du projet par manque de moyens.
Comment évaluer justement quel est le prix plancher à fixer ? Cela peut être dépendant de la taille, de la technicité de la fonctionnalité à implémenter, et des prix du marché pour du travail de développement. Le développement doit-il être payé à l’objectif ou au temps passé ? -
Cinquième difficulté : il faut des outils pour implémenter ces processus. Pour réunir des fonds et déclencher le projet à l’atteinte des prix plancher, j’imagine que n’importe quelle plateforme de crowdfunding ferait l’affaire. Je ne connais par contre aucun logiciel libre de crowdfunding à l’heure actuelle.
Pour choisir et décider collectivement de fonctionnalités à développer j’imagine que les outils seraient très dépendant du processus de décision, et qu’il est donc peu probable qu’il en existe déjà. -
Sixième difficulté : il faut trouver quelqu’un pour développer la fonctionnalité. Comment trouver une personne compétente et dont les tarifs sont dans l’enveloppe ? J’imagine que les premières personnes à qui s’intéresser seraient les mainteneurs actifs du logiciel.
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Septième difficulté : il faut un processus pour décider collectivement à qui confier la tâche parmi les candidats possibles, et éventuellement un outil pour l’implémenter.
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Huitième difficulté : comment contractualiser avec les développeurs ? Je suppose qu’il faut identifier un intermédiaire : une association comme Framasoft ? J’imagine que cela représente un travail additionnel de gestion qui peut être difficilement partagé. L’intermédiaire devrait-il être rémunéré pour ce travail ?
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Neuvième difficulté, et non des moindres : il faut que les fonctionnalités d’un logiciel donné qu’un collectif souhaitent soutenir entrent dans la feuille de route du logiciel. Parfois c’est clairement identifié par l’équipe de mainteneurs, parfois il est nécessaire de leur proposer les évolutions à réaliser, et parfois c’est incompatible. Un refus des mainteneurs serait une fin de non recevoir pour le projet, à moins d’un fork et des risques qu’il comporterait.
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Dixième difficulté : Intégrer des fonctionnalités upstream est sensiblement plus compliqué que développer une fonctionnalité isolée « vite fais mais qui fonctionne ». Les critères de qualité des logiciels libres peuvent être très stricts. Il peut être nécessaire de beaucoup communiquer avec l’équipe de mainteneurs pour connaître ses attentes. Se plier au formalisme attendu (architecture du code, choix d’implémentation, documentation, formalisme sur les commits, style de code etc.) peut représenter un travail qu’on n’aurait pas eu besoin de fournir pour un développement isolé.
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Onzième difficulté : Une fois le développement terminé, comment contrôler que les objectifs ont bien été atteints ? S’ils le sont partiellement, comment identifier la responsabilité entre les mainteneurs, le développeur de la fonctionnalité, les personnes qui ont formalisé les besoins de la fonctionnalité ? Que faire si le travail réalisé ne correspond pas aux atteintes du collectif, ou d’une partie du collectif ?
Ce qu’on aimerait soutenir
Par exemple, à Yaal Coop nous serions prêts à soutenir financièrement le support d’invités dans la pile Matrix/synapse/Element.
Parmi les outils de communication, il est des alternatives libres qui se battent contre des services interopérables, comme le mail. En effet un CHATON proposant un service de mail peut proposer une expérience quasi-similaire à un géant du numérique. On peut communiquer avec le service mail d’un CHATON aux mêmes personnes qu’avec le service mail de Google.
Cependant ce qui est vrai pour le mail ne l’est pas avec la messagerie instantanée, et Matrix/Element/Synapse souffre de ne pas pouvoir s’interconnecter (du moins facilement) avec Whatsapp, Facebook Messenger, Signal etc. Il est compliqué d’attirer quelqu’un sur un service de messagerie instantanée où son cercle de contacts n’est pas encore.
On aimerait beaucoup que depuis Element, on puisse inviter à discuter des personnes ne possédant aucun compte Matrix sur aucune instance. L’invitation pourrait se faire par lien, par email ou par SMS. L’accès à notre CHATON étant payant, seuls les membres pourraient créer des salons et inviter des contacts.
Vous en pensez quoi ?
Quelques questions :
- Vous seriez prêts à financer des fonctionnalités pour des projets que vous utilisez ?
- Si oui, quelle somme pourriez-vous mobiliser ?
- Si oui, pour quelles fonctionnalité dans quel projet ?
- Cotiseriez-vous à une « caisse développement de logiciels libres » en sachant que toutes les fonctionnalités développées ne vous bénéficieraient pas forcément ?
- Connaissez-vous des outils de crowdfunding libres ?
- Si un tel outil n’existait pas, participeriez-vous à un crowdfunding pour lancer le développement d’un tel outil ?
Hâte de vous lire
Bises