Je ne me permettrais pas de donner MA définiton de ce qu’est un parti politique d’un point de vue sociologique, car ce n’est pas mon champ de spécialité et je n’ai aucune autorité pour le faire. Attention cependant à ne pas confondre LE politique et LA politique.
Qui mieux que le spécialiste de la sociologie politique française Michel Offerlé dans un article de 2022 pour faire un état des lieux sur les différentes définitions de ce qu’est un parti politique au sens de LA politique (désolée je ne l’ai pas trouvé sur open édition). J’avoue aimé la formulation qu’il a " comme ensemble de répertoires d’action spécifiques" dans la définition « restrictive » du parti. Dans sa définition « extensive » du parti il mentionne « le groupe est orienté vers l’obtention de la puissance politique au sein d’un groupement » et il cite « accéder aux positions de pouvoir politique légitimes ». Il conclue sa première partie en ces termes « Ainsi l’accent est-il mis sur trois éléments essentiels : le parti (l’entreprise) n’est pas une chose, mais un type particulier de relation sociale (une sociation) ; cette relation fonctionne d’abord au profit de ses dirigeants, mais elle peut faire l’objet d’usages très diversifiés et procurer des profits très différentiels. »
C’est sur l’aspect relation sociale que je faisais reposer mon argumentaire lorsque j’ai insisté (plusieurs fois) sur le fait que le collectif CHATONS n’est pas un parti politique (au sens de LA politique). Pour cela j’invite tout le monde a lire la partie 3 de l’article précédemment cité sobrement intitulé " le parti comme relation sociale". Il formule notamment : " Un parti doit être aussi analysé comme un champ de luttes et comme un espace de concurrence objectivé entre des agents ainsi disposés qu’ils luttent pour la définition légitime du parti et pour le droit de parler au nom de l’entité et de la marque collective dont ils contribuent par leur compétition à entretenir l’existence ou plutôt la croyance en l’existence (cf. Bourdieu et la sociologie des champs)" A vous de juger de la pertinence de ces propos …
Dans une autre veine, l’article d’Agrikoliansky de 2016 reprend le focus sur les formes spécifiques de socialisations en s’appuyant également sur Weber. Je conçois que le concept de socialisation ne soit pas un réflexe conceptuel quand on n’est pas issus de la sociologie, mais il est central dans la définition des contours d’un groupe social (Il fait également appel à la notion d’« entrepreneurs » qui est très éclairante mais un peu complexe).
D’ailleurs voir cet article qui présente un peu la façon dont sont perçus les partis aujourd’hui (post gilets jaunes? ).
Bref, voilà pour ce qui est de la définition du parti, attention à ne pas confondre le parti avec un mouvement … Mais là on entre encore dans d’autres démonstrations. Si le collectif se veut désormais semblable au parti ça fait encore une autre casquette à rajouter et je crois pouvoir dire qu’on s’éloigne un peu (beaucoup) des ambitions et pratiques préexistantes du collectif.
LE politique maintenant, n’est pas l’apanage du parti politique. Le militantisme non plus d’ailleurs. Ma réponse est déjà bien trop longue et je ne m’aventurerai pas à faire un inventaire des points communs entre un parti politique et le collectif CHATONS car on ne parle pas du même « politique ».
Pour ce qui est de l’engagement militant et faire la différence entre LE politique et LA politique je propose deux études de cas juste pour voir qu’on n’est pas du tout sur les mêmes objets d’étude : concernant l’engament dans un parti politique (au sens de LA politique) voir Carole Bachelot (2011) Et pour ce qui est de l’engagement politique (au sens de LE politique) dans le milieu militant et associatif voir un article sur les différents engagements féministes par Romerio en 2022. Et l’intrication entre engagement dans la politique et militantisme large est bien abordé dans l’article sur les carrières militantes d’Agrikoliansky de 2017 cette fois. C’est peut être de carrière militante dont tu parles quand tu fais le comparatif sur les niveaux d’engagement entre toi et les personnes encartées.
Je doute que cette réponse (qui m’a prit pas mal de temps à écrire tant pour me rappeler des refs que de m’assurer qu’elles sont pertinentes) intéresse grand monde, mais elle est juste là pour rappeler que la sociologie apporte des clés de compréhension concernant le politique qui sont tout aussi intéressants que complexes. C’est une discussions passionnante mais très spécifique. Ça demande d’être en capacité de mobiliser avec minutie des concepts ou objets comme « le parti », « le militantisme », « l’engagement » ont étés discutés et contestés en sociologie. Si on veut discuter sur ce sujet on doit déjà se mettre d’accord sur les termes et ne pas simplement les mobiliser en pensant que tout le monde est d’accord sur ce qu’ils impliquent car spoiler alerte : ça n’est pas le cas.
Ça ouvre une autre boite de pandore qui franchement pourrait rester fermée et on s’égare des considérations autour de la gouvernance du COLLECTIF.
Tout ce que je disais c’est « attention à ne pas vouloir se calquer point pour point sur une organisation sociale préexistante (le parti pirate), qui n’est pas semblable aux CHATONS, sous le seul prétexte que chez eux ça fonctionne. Car si on veut être 100% sûr que ça fonctionne, ça demande un travail de définition des termes, de compréhension des biais, des implications, des ambition et de transposition qui est à mon avis très complexe et le collectif n’a pas les ressources de temps ou les ressources humaines pour s’y consacrer ». Ce qui a été fait pour le moment est louable et est le résultat d’un très long travail de la part du GT gouvernance que je salue. C’est une réelle entreprise qui a été menée malgré de nombreuses difficulté par le GT et à aucun je ne remets en cause ce travail lorsque je me permet cette prise de distance. Je propose juste de faire attention à ce qu’on mobilise lorsqu’il sera question de l’appliquer IN REAL LIFE au collectif.